Les enluminures inédites des manuscrits de Notre-Dame de Paris exposées au musée de Cluny.

Par Charlotte Denoël et Éric Landgraf

Dans le cadre de l’exposition « Feuilleter Notre-Dame » au musée de Cluny, ouverte jusqu’au 16 mars 2025, nous avons souhaité présenter ici quelques décors originaux complétant les pages des manuscrits exposés.

1. Évangéliaire et Histoire des Francs au VIIIe-IXe siècles.
2. Les enlumineurs du XIIe-XIIIe siècle : quelques ateliers parisiens.
3. Un XIVe siècle original.
4. De l’enlumineur au peintre au XVe-XVIe siècles.

Les décors peints dans les manuscrits médiévaux sont, depuis l’époque mérovingienne, les activités exclusives d’ateliers (scriptoria) monastiques et cathédraux ou bien d’écoles proches du pouvoir (école palatine d’Aix au IXe siècle). A partir du XIIe siècle, des peintres laïcs souvent anonymes commencent à prendre le relais en pratiquant leur art de miniaturistes pour des institutions religieuses ou laïques (université).

Lorsque la cathédrale gothique Notre-Dame de Paris voit la pose de sa première pierre en 1163, il n’existe pas de scriptorium connu dans le cloitre de la cathédrale. Pourtant, les manuscrits de Notre-Dame sont dès le XIIIe-XIVe siècles ornés d’initiales et de peintures en pleine page aux décors variés, dont témoignent l’exposition « Feuilleter Notre-Dame » au musée de Cluny.

Sous l’impulsion des cours princières et royales au XIIIe siècle, les enluminures seront réalisées pour la plupart dans des ateliers professionnels gérés par des libraires parisiens de l’île de la Cité, à proximité du pouvoir ecclésiastique et surtout de riches commanditaires dont les 51 chanoines de Notre-Dame faisaient partie. Nombre d’artistes étaient ainsi installés, face au portail de Notre-Dame, rue Neuve Notre-Dame, dont la voie a été ouverte par Maurice de Sully pour faciliter le passage des matériaux au moment de la construction de la cathédrale.

A Paris, l’enluminure, appelée aussi miniature d’après le nom latin d’un de ses pigments rouge vif, le minium, rehausse un éventail de manuscrits liturgiques, théologiques, historiques ou littéraires ou pour la cathédrale et l’Université de Paris. Ce décor, au départ plutôt modeste, va profondément influencer la mise en page des manuscrits. Les artistes introduisent lettres et frontons peints, mais aussi vignettes ornées de scènes bibliques ou profanes. Ils ajoutent en marge de temps à autre des drôleries à l’encre.

La composition des enluminures au XIIIe se rapproche du vitrail, avec ses médaillons historiés et ses décors géométriques. Dans la seconde moitié du XIIIe siècle, des prolongements marginaux donnèrent naissance aux « marginalia », ces bordures peuplées de végétaux, d’une faune particulièrement foisonnante et de créatures hybrides.

Au XIVe, cette ornementation nouvelle devient partie intégrante de la mise en page des manuscrits enluminés. De nouvelles évolutions surviennent au XVe siècle, lorsque des éléments d’architecture et de paysage empruntés à la peinture de chevalet s’immiscent dans la composition. Certaines pages sont incrustées de guirlandes végétales (ms 583). Réalisés par des artistes pour la plupart inconnus, ces décors sont représentatifs de l’évolution de l’art de l’enluminure jusqu’au XVIe siècle.

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Recherche d’ouvrages sur l’enluminure : Bibliothèque du musée de Cluny. (sur rendez-vous)

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